Cher Amour,
Quel bonheur ! Quelle joie d’apprendre ton retour prochainement. Je l’ai senti, les feuilles des arbres sont tombées, les degrés Celsius ont chuté, j’ai ressorti mes pulls et mes bottines. Il y a des signes qui ne trompent pas, ils sont toujours annonciateurs de ta venue. Ah ! Ta venue… une joie sans fin, un plaisir infini. Je ne m’en lasse jamais. Je ne suis jamais rassasiée de toi. C’est d’ailleurs ça l’amour, toujours vouloir profiter de l’aimé.
Ton odeur, ton goût si particulier. L’été me les a fait oublier. La chaleur m’a poussée à me nourrir de crudités et de légumes. Mais moi tu le sais, ce que j’aime, c’est toi. En plus de me rendre heureuse, tu es fédérateur. Car dès que j’ai un rencard avec toi, je vois mes amis. Tu es toujours l’initiateur de soirées entre copains. Tu es l’obsession des uns, le bonheur hivernal des autres.
Malheureusement, je ne suis pas la seule à t’aimer de la sorte. Je sais donc que notre amour n’est pas exclusif. Je dois te partager. Mais encore une fois, si c’est devoir te partager avec mes amis les plus proches, cela me va. Au final, notre amour n’est peut-être pas exclusif mais il est unique. Chaque amour que tu tisses est unique. Nous avons tous une manière différente de goûter aux plaisirs que tu nous offres. Certains te préfèrent avec du jambon blanc et une crème blanche. D’autres avec des pommes de terre et toutes charcuteries confondues. Pour ma part, mon nirvana se résume en trois points : toi, pomme de terre, rosette. Il est là mon paradis.
Il y a les maniaques de l’amour. Ceux qui ont tout organisé dans leur relation avec toi. Ceux qui dans leur assiette, font des tas par type de nourriture : il y a un coin pommes de terre, un coin charcuterie avec des sous catégories selon la nature de celle-ci (coppa, rosette, jambon) et un autre coin condiment. Il y a les amoureux transits, un peu brouillons, qui ne réfléchissent pas à la suite, mais vivent le moment présent. Ils mélangent tout dans l’assiette, ne séparent rien, mais se trouvent un peu embêtés lorsque tu arrives odorant et appétissant dans leur capharnaüm. Il y a les boulimiques de l’amour, ceux qui consomment en excès. Il y a dans leur assiette une quantité énorme de tout, un tout mal organisé est presque trop gros pour leur estomac. Et il y a ceux qui ne t’aiment pas. Ceux qui n’aiment pas le fromage fondu. Ceux qui viennent quand même, mais qui ne profitent pas de l’amour que tu as à donner.
Je ne t’embête pas plus longtemps. Je t’ai écrit cette lettre juste pour t’avertir que je t’attends avec impatience. A très bientôt mon Amour, ma raclette, on se verra un soir d’une semaine froide, au chaud dans un salon avec mes amis.
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