Il y a quasiment cinq ans était publié un des derniers articles du blog intitulé « L’adultomètre ». Ce post qui décrivait mes débuts dans la vie active a été rédigé dans mon studio de célibataire, une mignonnerie délabrée mais que j’aimais fort.
Les années ont passé, je suis à présent dans un appartement plus grand avec une vue dégagée sur une place. Sur cette dernière : un arbre. Un seul, magnifique. J’observe avec émerveillement le changement de ses couleurs imposé par les saisons.
L’appartement est composé d’un grand plateau et d’une mezzanine ouverte sur le séjour. Sur cette mezzanine, j’y ai installé mon bureau. Une planche en bois peinte et fixée par nos soins. Des livres, des plantes, une poupée russe et une lampe entretiennent l’ambiance paisible et rassurante de mon nouveau décor pour écrire.
C’est ainsi qu’après des années de silence L’invitée se réveille. Son regard sur le monde a évolué en même temps qu’elle a grandi.
Mais L’invitée c’est qui ?
L’invitée c’était une p’tite meuf qui venait de terminer ses études d’architecture et entrait avec inquiétude dans « le monde des adultes » Ce monde là, quand tu y entres, tu ne sais pas encore tout à fait de quoi ça cause. Tu le regardes d’un œil suspect. Tu as entendu dire que le rythme du travail régira ta vie, que la société attendra autre chose de toi que de te voir saoule plusieurs soirs de suite. Tu rechignes à y aller et en même temps tu n’as pas fait ces études pour rien.
Et puis sans même que tu aies le temps de te faire un avis, tu es aspirée dans ce schéma. Tu l’as cherché aussi, à même pas vingt-huit ans tu décides de te mettre à ton compte. Tu te lances donc, sans recul, dans la merveilleuse aventure de l’entreprenariat. Rien à voir avec la start-up idéalisée, en mode patron nomade qui peut travailler en Asie sur son macbook pro afin d’en profiter pour « découvrir une population locale adhérant à la notion de complémentarité corps/esprit et à l’ouverture des chakras par la méditation » ou au fin fond des Pyrénées car le besoin de se reconnecter à la nature était plus fort que tout.
Non, l’entreprenariat le vrai, celui qui te rend multitâches. Tu apprends à tes dépens que tu es capable de réaliser plus de 176 tâches en une journée : que tu es architecte, secrétaire, comptable, commerciale, informaticienne, responsable des ressources humaines…le tout en ayant pour seul revenu les allocations chômages pendant deux ans. Maintenant tu te verses un salaire, il est raisonnable mais tu es fière. Tu embauches.
Sans que tu t’en sois aperçue cette énergie déployée de 7h30 à 20h00 a eu un impact sur le rythme de tes sorties. A 26 ans, tu organisais ta semaine sur le quota suivant : cinq soirées sur sept étaient destinées à rejoindre tes amis pour boire des bières et se coucher légèrement saoule. Maintenant les choses se sont inversées. Cinq soirées sur sept se passent chez toi où tu cuisines si tu as le temps, tu discutes avec la personne qui partage ta vie et tu fais des câlins à ton chien (ou inversement, cela dépend des soirées) Puis tu te couches la tête remplie de la longue liste de tâches à accomplir pour le lendemain. Les deux autres soirées libres se passent majoritairement dans un bar calme à l’ambiance feutrée où il t’est même arrivé de dire « la musique est un peu forte non ? »
Les choses changent je vous dis.
Cinq années sont passées et tu as toujours en tête ce qui te faisait vibrer : écrire. Ce qui te donnais une impression de liberté infinie, ce qui te faisait voyager à travers les mondes de ta pensée. Ce qui te donnait un creux dans l’estomac quand tes doigts tapaient sur le clavier. Tu te souviens que des rêves tu en avais plusieurs et que ça serait trop bête de se limiter à un seul.
Le temps passe, la trentaine est bien installée, mais l’envie de vivre, d’observer, de comprendre le monde est toujours aussi présente. Nouveau chapitre d’une vie, nouveau départ, j’ordonne le début d’une nouvelle ère où tout semble possible. Le positivisme comme crédo de vie.
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