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La polaire

Dernière mise à jour : 28 sept. 2022



Il y a trois pièces bannies de ma garde robe : les doudounes sans manches, les sneakers et les polaires.


Concernant la première c’est bon je tiens le coup. Mon aversion pour cette pièce qui n’a pas de sens reste intacte avec les années. En effet, il me semble insensé de créer une pièce qui tienne chaud SANS que les bras ne soient concernés.


Pour la deuxième, bilan mitigé. Je refusais d’en porter considérant ces chaussures comme un équipement de sport. C’est en 2012 que tout a basculé. En effet, lors de mon année Erasmus en Italie ma coloc m’a mise devant le fait accompli : j’allais marcher sur des chemins de rando je me devais d’avoir des chaussures convenables. Et non, mes Converse ne feraient pas l’affaire. Elle m’a donc emmené dans le magasin que je haïssais par dessus tout : Decathlon. Mais un Decathlon milanais svp. Je pense vraiment y être restée plus d’une heure. C’est le temps dont mon cerveau avait besoin pour accepter mon reflet avec une paire de « tennis » (pour les moins de 20 ans je vous jure on appelait cela comme ça avant que ça ne soit rebaptisé sneakers) Bref, des New Balance blanches pour franchir le premier pas. Puis s’en est suivi des Nike, des Nike et encore des Nike. Je suis tombée dedans.


La polaire est un sujet houleux. Bien évidement je suis contre. Cette tenue technique, je tiens à le rappeler, peut être envisagée uniquement lors de randonnée. Mais des randonnées un peu vénères, sinon un simple t-shit manches longues ou un pull doivent faire l’affaire.


Mon cerveau était alors incapable de m’imaginer en train d’en porter jusqu’au jour où ma belle-mère en toute innocence m’a donné une polaire de ski dont elle ne se servait plus. La pièce interdite tombe par hasard dans ma pile de vêtements. Je suis en Bretagne chez la belle-famille, je me les caille, je suis moins regardante sur ma tenue, allez je l’enfile. Il paraît que c’est chaud, pour dormir je vais me mettre bien.


C’est à partir de ce moment que je l’ai porté non stop chez moi. J’étais la femme polaire. Accro aux promesses de chaleur qu’elle me faisait, je ne pouvais imaginer m’en séparer. J’aime avoir chaud et j’aime le cocooning ma super polaire répondait à tout ce que j’attendais de la vie.


Il y a une conséquence terriblement dangereuse dans la recherche perpétuelle de la chaleur et du cocooning : posséder la panoplie complète. Une sorte de reliques de la mort qui au lieu de vous rendre invincible vous rendent insortable. Je détenais alors les reliques du chill : polaire, jogging, chaussettes hautes.


J’étais le Potter du cocooning. Je ne craignais plus le radiateur à 18 degrés ni le courant d’air de la porte d’entrée. Je pouvais rester des heures sur le canapé sans plaid ma température corporelle était à son sommet. A quoi bon sortir, rencontrer d’autres personnes, se sociabiliser ? J’avais tout le confort du monde chez moi.


Mi-femme-mi-jogg je fais peur à voir. La chaleur m’apaise et me rassure. Je ne suis pas prête de la casser la baguette de Sureau. Je n’ai jamais franchi le pas de la porter « en journée » Et pourtant, comme les sneakers, cet objet diabolique est devenu cool. Randonneur urbain, étudiant, papa cool. Ils la portent tous.


Moi et mes principes sommes chamboulés, cette pièce a-t-elle le droit d’exister en public? J’ai encore besoin d’un peu de temps pour juger… mais rassurez-vous je ne manquerai pas de vous en faire part.

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