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Je suis architecte, alors décrire un espace, le comprendre et parfois même devoir l'expliquer : je sais faire. Cette école je l'ai en tête perpétuellement. Je n'ai jamais oublié sa forme, de la petite cour à l'avant à la grande cour à l'arrière. Mon école primaire me hante.
Théâtre de nombreux rêves d'adulte, j'y reviens par la pensée dans mon sommeil. Je me refais encore la visite virtuelle, le plan mental. L'entrée principale offrait une transparence par de larges vitrages sur la petite cour en béton avec son bac à sable rectangulaire. On ne l'aimait pas ce bac à sable, pas d'intérêt, trop petit. Pour les bébés de maternelles avec leurs pelles et leurs seaux.
A côté du bac, des plots béton étaient ancrés au sol dans une forme concentrique. Sorte de colonnes de Buren revisitées. Idéal pour le jeu du facteur.
Lorsque nous étions dans la petite cour, l'entrée dans notre dos, nous avions face à nous la terre promise. L'accès était recouvert par un étage qui abritait la salle de sieste. Il suffisait de passer sous cette salle pour arriver à « la grande cour ».
La grande cour était une étendue de sable. Je n'arrive pas à donner une surface rigoureuse en mètre carré, ma vision d'enfant m'en fait perdre les proportions. L'oeil d'un enfant parfois déforme.
Pas de béton, pas de matériaux souple, que du sable. L'accès couvert enfin franchi, en plein milieu, impossible à louper et parfaitement lisible : le terrain de foot. Ce terrain était délimité par des grands chênes, a-t-on coupé volontairement ceux du centre pour créer ce terrain rectangulaire ?
A gauche, légèrement en retrait derrière les sanitaires et donnant sur l'autre façade de la cantine : deux grosses roues de tracteurs posées au sol, super système de trampoline improvisé. Derrière ces jeux enfantins : les cuisines de la cantine. Peu d'ouverture, où alors des fenêtres en bandeau en haut du mur. Pas de visibilité possible, mais un long mur offert à toute sorte de performances. Ici on testait notre poirier, notre piquet et notre piquet pont pour les plus souples. Jeu de filles par excellence, les garçons ne se mesuraient pas entre eux à coup de piquet pont, ils étaient ailleurs.
Au fond de la cour, à gauche du terrain de foot il y avait d'autres roues de tracteurs, zone moins fréquentable pourtant présence des mêmes objets. Le fond de la cour à gauche ne se visitait pas à moins d'être une terreur. On n'y restait jamais longtemps.
Au fond à droite, les jardins de plusieurs propriétés longeaient le grillage. Toujours cette même question : mais qui peut bien habiter là ? Je considérais l'école comme un lieu sacré, un lieu à part au-dessus de tout, je ne comprenais pas comment des gens pouvaient tranquillement vivre à côté de ce haut lieu de l'enfance. Qui étaient ces privilégiés ?
Nous regardions à travers le grillage le jardin voisin, les roseaux qui cachaient la vue, le jardin sablonneux. Nous longions le terrain de foot par la droite et nous arrivions face au grand toboggan précédé de sa cabane. On était au lendemain de la finale de la coupe du monde 98, des garçons étaient montés dedans et criaient « et un et deux et trois zéro » Avoir le souvenir de cette cabane qui tremblait et s'être dit « ça va s'effondrer »
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