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Maman, Virginia, Simone et les autres

Dernière mise à jour : 1 mai 2023



Ma mère, elle n'est pas féministe. Elle dit que certaines filles sont des garçons manquées et que je ne devrais pas avoir des ongles sales pour une fille.

Mais ma mère elle m'a toujours aidé à aller jusqu'au bout de mes rêves. Ma mère elle m'a toujours dit « tu dois avoir un métier qui te plait et être indépendante financièrement » Je croyais que c'était une lubie, toutes les mamans en ont. Puis, une décennie plus tard j'ai lu Virginia Woolf et j'ai compris que ma mère, sans le savoir m'incitait à être une femme libre.


Jamais, dans mon enfance, je n'ai senti que mon genre était un problème. J'ai été élevée avec des parents portant un regard humble face à leur progéniture : ils ne nous ont jamais mis sur un piédestal mais avaient confiance dans notre potentiel. Peu importe la voie que nous avions décidé de prendre : ils étaient toujours là pour nous épauler. C'est ainsi qu'en sixième, j'ai décidé que je voulais devenir architecte. Le parcours alors était simple à visualiser : brevet des collèges, bac scientifique, rentrer dans une école d'architecture. J'ai travaillé avec acharnement pour y parvenir. Ca n'a pas été sans difficultés, sacrifices et lourdes déceptions. Mais j'y suis parvenue.


Ma mère elle disait aussi « mieux vaut être seule que mal accompagnée » Alors certes, cette expression n'est pas d'elle, j'en ai bien conscience. Mais je ne compte pas le nombre de fois où elle m'a expliqué que dans la vie on est toujours plus heureux seul qu'en couple avec quelqu'un qui ne nous rend pas pleinement heureux. C'est comme ça que ma mère m'a appris que je pouvais être une femme indépendante de tout homme, heureuse et épanouie grâce à mon propre chemin. Ma mère n'a jamais lu Simone de Beauvoir, et pourtant elle m'indiquait un chemin vers lequel tendre qui en était très proche...

J'ai pu ainsi exister par mes actes, par ma pensée et ma parole. Je n'ai jamais cherché à tout prix un statut social lié à ma situation personnelle. Etre en couple n'était pas un objectif. La vie en a décidé autrement.

Ma mère me disait aussi « les enfants si ont en a il faut les vouloir » Elle me disait ainsi que j'avais aussi le droit d'être une femme sans enfant. Elle rejoint alors Gisèle Halimi dans « Une farouche liberté » qui explique qu'une femme n'est pas l'esclave de son corps, asservie à l'espèce (clin d'oeil à Simone de Beauvoir) Que la maternité n'était pas un objectif en soi, que ma vie pouvait être heureuse tant que je faisais les choix qui me correspondent.

Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais voulu d'enfant. Ma mère me disait que contrairement à beaucoup de petites filles je ne jouais pas avec des poupons. J'en avais un qui pouvait vomir quand on lui appuyait sur le ventre : super. Jusqu'à présent je considérais que j'avais mieux à faire : m'occuper de moi, mon chemin, ma voie. Et puis, parfois je me dis que ça doit être beau de donner cet amour, ces espérances et ce cocon de tendresse que j'ai eu la chance de connaître enfant.

Alors, je tiens à dire merci à ces femmes remarquables qui ont ouvert la voie à toutes les femmes de cette planète : Virginia, Simone, Gisèle et tant d'autres connues ou anonymes. Et un grand merci à toi maman, de m'avoir donné la capacité de croire en moi et d'être libre de mes choix.

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