Bordeaux, le 20 septembre 2016
OK c'est bon j'ai été trop loin. Je l'avoue, ma passion pour la nourriture bio à tendance « veggie » a eu raison de moi. Le motif ? Un jus.
J'ai été déjeuner dans un restaurant charmant, qui se veut bio et végétarien, à première vue le cadre idéal pour un repas entre copines. Moi qui râle souvent envers les restaurants qui ne proposent que de la viande ou du poisson, là j'étais ravie. Les carnassiers y seraient malheureux. Pas la moindre trace de nos amis les bovins ou de ces amnésiques à écailles.
Une décoration très sympa bien que totalement dans la tendance, à coup de miroir en rotin, de carreaux de ciments et de potimarrons. Un lieu parfaitement adapté à la clientèle visée : les gourmets veggie à tendance décoration scandinave. En tant que grande admiratrice des bahut 50's j'ai d'ailleurs adoré ce qu'il m'a été servi : un tajine de légume. Yumi.
BREF.
Revenons à nos moutons, dans le monde de la nourriture bio et végétarienne (où d'ailleurs les moutons vivent heureux et longtemps) la nourriture se veut originale. J'en ai fait l'amère expérience. J'ai pris un jus au mélange suspect, j'aurais dû me méfier. J'aurais pu prendre le basique orange pressée qui est déjà un petit monde de paradis pour moi. Mais non, je me suis laissée prendre au jeu. J'ai donc commandé un jus associant de la betterave, de la carotte et de la pomme. J'adore tous les ingrédients cités, du coup il me semblait normal d'adorer ce sublime jus bourgeois bohème à souhait. La betterave qui, il faut bien l'avouer, a un goût de terre, prenait ainsi le dessus gustativement. J'avais l'impression de boire le humus, le limon et toutes les différentes couches chelou qui font la couverture de notre globe (j'ai étudié ça à l'école oui)
En avalant avec écoeurement ma deuxième gorgée terreuse je me suis donc faite la réflexion suivante : suis-je allée trop loin ?
On nous présente de plus en plus d'ingrédients improbables, quasi introuvables et excessivement chers comme la nourriture miracle et saine. Je ne dis pas qu'un gratin de légumes oubliés au lait de soja bio n'est pas meilleur qu'un gratin de légumes de chez Fleury Michon ou d'autres cuisines de fins gourmets telles que Marie et William Saurin, sacré Will. Evidement, il semble logique que si, ça l'est. Mais est-ce que ce n'est pas encore une fois, une des ces dictatures de l'élite culturelle qui, par désir de se distinguer, cherche à manger autrement ?
Certes, le critère du bio est indéniable, il sera toujours meilleurs que des OGM ou les additifs alimentaires. Mais est-ce que cela ne va pas trop loin ?
On essaye de nous faire croire qu'il est possible de remplacer des produits du quotidien pourtant si vitaux et faciles d'accès par des produits plus introuvables et plus « heathly ». Par exemple, on a tenté de nous faire boire de l'eau de coco au lieu d'une bonne Badoit bien fraîche, ils ont voulu nous imposer le chou kale à toutes les sauces mais en vrai, tout le monde sait qu'une bonne grosse choucroute redonne le moral à tout être humain tristoune. Ils veulent aussi nous faire boire des jus de fruits improbables. Je vois de plus en plus dans les recettes détox, le jus d'açaï. C'est bien beau, mais c'est quoi ce putain de jus d'açaï ? Personne ne le sait ! D'ailleurs on comprend rien qu'en lisant son nom la rareté et le snobisme de l'aliment. Il a quand même un « i » tréma et un « c » cédille dans le même mot, si ce n'est pas se la jouer... « oui j'ai deux lettres méga rares en moi » La rareté de ses lettres prouve déjà son exception et sa supériorité.
Bon je critique mais je suis quand même la fille qui boit le matin un cocktail de céréales accompagné de fromage blanc de lait de brebis, mange des steaks à l'épeautre et au miel et se fait des smoothies avec du lait d'amande. Niveau originalité de l'alimentation, c'est pas mal non plus.
Oh et puis zut, il faut bien l'admettre: je suis une p***** de bobo. Au diable le lait de vache, vive le lait de soja !
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